Lunarribouillis, 4 dessins 21 x 29,7 cm, crayon blanc sur papier, 2018
Traces ou effacements, des signes incertains apparaissent ou disparaissent, dans un doute entre devenir et non-être. Oblitération, fracturation, morcellement, recouvrement, toute syntaxe s’abolit dans la fragmentation même. Aucun paradigme ne peut plus s’installer : seulement quelques effets de brisement et de bruit. Est-ce naufrage? Ou fonte des glaces? Tout devient morceaux de continents dérivants, et entre eux naissent de nouvelles pistes, effets de réseaux, isthmes et passages. C’est une fin probable des écritures, des fictions, des poèmes, et même des alphabets, une fin problable du langage, pour retrouver la pulvérulence abyssale des galaxies et des atomes.
Sans titre, du projet « Dis/appear » technique mixte, 15 x 21 cm, 2013
Dark energy
Le destin des énergies est dissimulé par les flux qui les animent. Dark energy est un simulateur de captation d’énergies noires, au travers d’une matière dense et parfois saturée où les forces obscures et les puissances négatives s’activent, ébullitionnent, se fissurent, entrent en collision, en transport, ou s’absentifient, révélant d’autres tensions plus énigmatiques, inversant le cours de la matérialité, donnant au vide un pouvoir créateur. Il semble qu’on voyage dans une incommensurabilité de l’espace, dans un ensemble où les formes ne s’arrêtent sur aucun rivage connu, mais s’aventurent vers des espaces sidéraux, des nuages de scories, des tourbillons et des trous noirs, qui jouent le rôle pour le regard d’attracteurs étranges, où l’on guette à travers le chaos, après quelque mouvement enveloppant, un océan, un paysage de ruine, une figure, un lambeau de vêtement, ou une forme animale, aile d’oiseau ou papillon… Des signes et des relevés, des configurations de trajectoires incertaines rythment ce chaos producteur, comme si le voyage fragmenté, fractal, aurait pu aller à l’infini, sans ces sauts abrupts, ces ruptures, ces retournement d’une anti-matière où réside la source des imaginaires. Évidemment, on pourrait croire que Dark energy ne s’intéresse qu’à l’espace astronomique, ou aux phénomènes météorologiques, mais il n’en est rien : il se veut aussi une modélisation esthétique de l’espace social, des phénomènes économiques et politiques, ou militaires ; il interroge aussi la mode, les langages et le son.
Sans titre, du projet « Dark energy », technique mixte, 25 x 60 cm, 2013
Light gravity
Ce projet cherche à établir une nouvelle densité des corps et des phénomènes à partir d’autres paramètres déliés des traditionnelles lois de la pesanteur. Prévilégiant les matériaux non massifs, les miroitements, les reflets, les brillances aux grains multiples, la surface picturale ou les objets jouent avec la suspension, l’envol, ou la chute libre, le flottement, la marche en apesanteur…. Ces phénomènes n’ont rien de paranormal, mais sont des explorations aux limites des frontières de stabilité qui seraient désignées comme des artefacts, alors que cette nouvelle configuration apparaît comme une matrice expérimentale de nouveaux déplacements d’une incommensurable liberté.
(2 x), Sans titre, du projet « Light gravity », technique mixte sur papier, 65 x 50 cm, 2013
(2 x), Sans titre, lavis sur papier, 12 x 16,5 cm, 2013
(2 x), Sans titre, lavis d’encre sur papier, 36 x 25,5 cm, 2013
Auoportrait avant la naissance
Ce qui précède le venir au monde, plein de toutes les potentialités, est aussi important que ce qui advient au temps du présent. Cette distorsion de l’apparaître est une galerie creusée vers l’inconnaissable, régressant vers l’inconnu, l’absence, dont l’esprit clairement dresse une cartographie possible. Par là, les dimensions du présent en sont bouleversées : multiples, protéiformes, elles glissent vers des corps improbables, pluriels et compossibles. Avant la naissance, il y a une figure invisible, dans le secret ; il y a la nuit et, au plus profond, le fantasme inconnaissable et intraduisible, sinon sous cette fluctuation hâtive et incorrecte, parce que sans langage, sans voix, sans forme arrêtée, sans tabous et sans remords. Le spectateur est plongé dans le noir comme dans l’absence, sans le symbolique, dans le cosmique et le vital, dans la nuit à la fois intrautérine et sublunaire, qui est au coeur de toutes ces postures et rêveries multiples dans le sommeil et le rêve.
(4 x), Sans titre, du projet « Auoportrait avant la naissance », encre et lavis sur papier 108 x 78 cm, 2012
Sans titre, technique mixte sur toile, 20 x 20 cm, 2012
(10 x), Sans titre, technique mixte sur papier, 2006