Après avoir fait durant ses études à Téhéran une plongée dans la pensée et l’art extrême-orientaux du vide, Mojgan Moslehi se concentre sur une série de peintures monochromes gris-bleuté, qu’elle nomme Le vide imagé, où l’intensité de la matière utilisée est tellement ténue que l’espace pictural apparaît comme un souffle disparaissant, suggérant un paysage englouti dans un profond brouillard. Sa pratique artistique se veut tel un miroir en constant devenir.
Plus tard elle met en oeuvre ses réalisations picturales sur divers supports avec une concision accrue dans ses choix de couleur : un noir mat intensément profond, reflétant le fond sans fond de l’absence, ou peut-être la gravité maximale de la présence. Son intérêt pour les qualités picturales du vide se traduit par le dépouillement de la matière, des effacements, des miroitements, et un blanc recouvrant.
Dans son parcours photographique, elle s’intéresse d’avantage aux effets dus au contact, ou bien le dialogue entre les choses et des événements, la trame, flous, usage de la vitesse effaçant la silhouette des formes, préférant les matières et les énergies diffuses, à l’orée de l’apparition comme nuages et brouillards, ombre et nuit, dé-figurations liquides, disparition par ignition. Elle capte les états fugitifs, les espaces entre-deux, des présences à travers l’illisible. Sa photographie rend compte de dimensions et de circulations impondérables fondées sur sa perception du temps multidimensionnel.
Mojgan Moslehi est une artiste plasticienne qui réunit dans ses réalisations un ensemble de moyens techniques et d’expression complexe , allant de la peinture à l’installation, en passant par le dessin, l’objet, la photographie et la vidéo. Née en 1969 à Téhéran, elle a commencé ses études en arts plastiques à l’Université Azad de Téhéran où elle a obtenu une Maîtrise. Mais intensément soucieuse de retrouver son autonomie artistique, elle s’est recueillie pendant plusieurs années dans son atelier à Téhéran et a produit un grand nombre de peintures et dessins, ce qui donnera lieu à de nombreuses expositions et distinctions à l’échelle nationale et internationale. Elle s’installe à Paris à la suite de l’obtention d’une bourse artistique et réside à la Cité Internationale des Arts à Paris pendant deux ans où elle singularise son parcours artistique en ne se préoccupant pas trop de sa médiation, mais en l’approfondissant par un processus d’intériorisation pour atteindre l’originalité de sa création, avant de reprendre le chemin d’études académiques et s’inscrire à l’École des Arts de La Sorbonne. Elle obtient son doctorat en 2010 avec une thèse intitulée : L’Art du Vide – La présence du vide dans l’art contemporain.
Après des collaborations et plusieurs expositions communes avec Michel Sicard, à Séoul, Nankin et Pékin, ils décident de former un duo d’artistes, où ils fusionnent leurs conceptions et réalisations sous le patronyme de Sicard & Moslehi.
Ses travaux font partie des collections permanentes du Musée d’Art Contemporain de Téhéran et du Musée de Niavaran, du Fonds National des Arts Plastiques à Téhéran, ainsi que de la National Gallery of Modern Art à New Delhi.